Voici l'histoire de Claude Bouchard raconté dans le journal,
L’action Catholique, publié sous forme de capsules,
du 12 avril 1951 au 26 avril 1951,
signées par Marthe B.Hogue.
Première article parut le 12 avril 1951.
Du roi Clovis à Claude Bouchard.
Le nom Bouchard, suivant la tradition, remonte au commencement de l'histoire de France et le premier baron baptisé, au baptême du roi Clovis, fût Bouchard ou "belles bouche".
À cette époque, le nom de Bouchard était un nom de baptême. Monseigneur de Laval, premier évêque de Québec seigneur de Beaupré, île d'Orléans et autres lieux, descendait de ce baron Bouchard.
Au XIIème siècle, Bouchard d'Avesnes, seigneur de Beaumont, descendant d'une des plus puissantes familles du Hainaut, fit de brillantes études et devint docteur en loi.
Au XIIIème siècle, les familles d'Avesnes et de Dompierre se disputèrent la couronne de Flandre et de l'Hainaut.
Du XIVème siècle, on peut trouver les grandes chroniques d'Amery Bouchard, historien breton, avocat au gouvernement de Rennes.
Au XVIIème siècle, vivait dans une modeste aisance, a St-Côme-le-Verd, dans le perche, Jacques et Noëlle Bouchard ; c'est dans ce village que naquit leur fils, Claude, en 1626.
Normalement, le jeune homme ne devait pas quitter son pays d'origine où il devait exercer le métier de tailleur que lui avait fait apprendre son père ; mais, pendant que la Fronde ensanglantait la France, le désir de voir le nouveau monde germa dans son coeur.
Pour Jacques et Noëlle, son père et sa mère, cette idée n'était qu'une grande folie ! C'était courir à une mort certaine, sur mer ou sur terre. Cette longue et périlleuse navigation, ce lointain pays habité de sauvages barbares, les faisaient frémir. L'adieu qu'ils allaient dire à leur fils serait définitif, ils en avaient la certitude.
Claude Bouchard s'embarqua cependant, s'arrachant à sa famille et à ses amis, et il atteignit Québec en 1650, à l'âge de 24 ans.
Deuxième article parut le 13 avril 1951.
Concessionnaire en Nouvelle-France.
C'était le 26 décembre 1650. Le vent mugissait dans les pins séculaires bordant le Cap Diamant et la neige poudroyant estompait la côte de Lévis et tourbillonnait en tous sens, aveuglant les hommes comme à plaisir.
Claude Bouchard avait rendez-vous avec Olivier le Tardif et il allait, le torse courbé et le cou enfoncé dans les épaules, se défendant mal contre le froid.
Il ne pouvait s'empêcher de songer au foyer familial, endeuillé par son absence le jour de Noël. Sa mère était vaillante il savait qu'elle n'a pas laissé échapper une plainte et qu'elle ne s'était pas permis une larme mais qu'elle avait eu le coeur broyer ; et cette pensée, encore plus que le froid hostile, lui glaçait les veines.
Quand le vin est tiré, avait-il pris l'habitude de répéter à ces nouveaux camarades, il faut le boire, même s'il a déjà un goût de fiel.
Ce vin qu'il avait délibérément tiré, il le boirait sans sourciller et il suivrait courageusement le destin qu'il s'était fait lui-même.
Lorsqu'il se présenta auprès d'Olivier le Tardif, celui-ci lui dit : vous êtes venu chercher votre cadeau de Noël, mon garçon ? À compter d'aujourd'hui vous serez concessionnaire en Nouvelle-France et vous y tiendrez feu et lieu en qualité de colon.
Lisez d'abord cet acte que nous avons dressé pour vous, afin que non seulement vous sachiez où vous allez, mais que vous connaissiez, avant d'y mettre votre signature, les conditions que vous devrez remplir.
Claude Bouchard était de petite taille ; en face d'Olivier le Tardif, il avait plus l'air d'un adolescent que d'un homme capable de s'attaquer à la lutte à la forêt ; c'était pourtant ce à quoi ils allaient dorénavant vouer son existence.
Troisième article parut le 14 avril 1951
Un colon s'installe.
Droit et calme, Claude Bouchard, surnommé le petit Claude, lit le contrat lui octroyant sa première concession sur la côte de Beaupré.
Ce 26ème jour de décembre, 1650. Cinq arpents de large sur le lieu et demi de profondeur, à prendre sur le grand fleuve Saint-Laurent. Aux charges de cent sols en argent et de deux chapons vifs ou vingt sols pour chacun d'iceux, de rentes seigneuriales ; avec cinq sols de cens portant lots et ventes saisines et amandes suivants la dite coutume, etc.
Il signe et s'en va, enrichi d'une portion de forêts dont il devra tirer sa subsistance et celle de la famille dont il a déjà un ardent désir. Plusieurs percherons habitent la côte de Beaupré ; il ne s'y trouvera donc pas isoler.
Un de ses voisins, Louis Gasnier devenu Gagné à une fille à peine sortie de l'enfance, mais grande et robustes et fort aguichante ; sa vue met du soleil dans le coeur du jeune homme. Louise Gasnier lui donne du courage.
En pensant à l'adolescente, il songe au toit où vivre à deux ; au champ de blé apportant le pain à de nombreuses petites bouches avides ; aux vêtements pour une famille entière. Et alors la hache, dans sa main, lui paraît moins lourde, les racines qu'il arrache de la terre semblent venir avec moins d'efforts, le feu qui nettoie le sol n'est pas aussi menaçant, la charrue est plus facile à tenir au sillon.
Pour maintenir l'édifice fragile de ses rêves humains, Claude Bouchard, le petit Claude, versera fidèlement, chaque année, ses cent sols et ses deux chapons vifs à Olivier le Tardif, il fera moudre ses grains au moulin seigneurial et il n'omettra rien des conditions imposées aux colons
Quatrième article parut le 16 avril 1951.
Il faut une femme au colon.
La culture de la terre ne laisse pas de répit ; l'état de défricheur commande encore plus.
Un colon ne peut distraire impunément la plus faible partie de son temps ; s'il doit avoir lui-même à la préparation de ses repas, son travail en est retardé d'autant. Il faut au travailleur des champs une femme qui, non seulement voit aux choses de la maison, mais la seconde dans sa propre besogne.
Trois ans après son arrivée en Nouvelle-France, Claude Bouchard, ayant obtenu la main de Louise Gasnier, signait son contrat de mariage devant le notaire Aubert, en présence des parents de la fiancée, d'Olivier le Tardif et de quelques amis, le 30 novembre 1653.
Les époux Gasnier, n'étant pas riche, ne donnaient pas une fortune à leur fille ; le contrat était surtout destiné à protéger l'avenir de la jeune femme et celui des enfants pouvant naître de cette union.
Claude Bouchard était-il prêt à entrer en ménage ? La chose est possible, mais le mariage ne se fit qu'en mai 1654, Louise, sa future, n'ayant pas l'âge requis.
Trois ans et demi plus tard, le premier octobre 1657, les jeunes époux vendaient leur terre à Louis Guimont, un autre colon. Le trente juillet précédent, Olivier le Tardif avait passé une partie de la ferme Saint-Charles à bail pour six ans à Claude Bouchard ; celui-ci s'y transporta avec sa femme et à l'expiration de son terme, il acquit de Charles Aubert de la Chesnaye (le 11 avril 1662) une nouvelle concession de trois arpents de large, sur la côte de Beaupré, au Cap Tourmente (St-Joachim).
Cinquième article parut le 17 avril 1951.
Des fils à établir.
Claude Bouchard, sur sa nouvelle concession, avait pour voisin immédiat Nicolas Manière ; un an ne s'était pas écoulé que ce dernier décidait de retourner en France.Après neuf ans de mariage, la famille Bouchard n'était pas encore nombreuse mais Louise Gasnier n'avait que 21 ans et Claude, voulant déjà songer à l'établissement de ses petits, acheta la terre de son voisin, devant maître Audouart, notaire Royal, le 23 septembre 1663 "à la charge de, disait le contrat, des cens, rentes et droits seigneuriaux" et "moyennant le prix et somme de 2 cents vingt cinq livres tournois payables en deux payements : savoir, le premier payement de la somme de cent livres se fera dans huit jours à dater des présentes, et 125 livres au jour et feste de saint Jean Baptiste prochainement venant de l'année que l'on comptera seixe cent soixante quatre".
Nicolas signa d'une croix ; Claude savait écrire.
Jacques, l'aîné des fils commença à aider dès qu'il put se rendre utile, s'entraînant dès son enfance aux travaux de la colonisation ; ils devint rapidement un solide gars, mais ces efforts n'amenèrent pas la fortune à son père.
Claude ne perd pas ses goûts d'aventure : à 24 ans, il avait traversé l'océan pour faire souche en Amérique ; à 47 ans, après 19 ans de mariage, sa descendance lui fournissait le prétexte de s'enfoncer dans la forêt, là où de nouvelles concessions seraient en nombre suffisantes pour lui permettre de garder les siens autour de lui.
Dans cette idée, il vendit une de ses terres à Monseigneur de Laval, le 8 février 1673 et il commença à chercher plus loin, sur la côte de Beaupré, un coin inhabité ou se fixer avec sa famille.
Sixième article parut le 18 avril 1951
Vers la Rivière du Gouffre.
Claude Bouchard, tourmenter par l'idée de s'établir, entourer des siens, dans un coin où ils finiraient du moins dans les joies de la famille, consulta Monseigneur de ses jours sinon dans la richesse Laval.
La côte de Saint François Xavier (Petite Rivière Saint François) semblait l'endroit tout désigné.
Une langue de terre entre le fleuve et la montagne, juste assez grande pour permettre l'essor d'une famille ; protégé des vents du nord, éclairé du soleil du midi, à l'abri de la gelée enrichie de l'anguilles et du marsouin de la mer, des érables inépuisables de la forêt et des pins géants dont on pourrait tirer de multiples profits.
Au printemps, des pommiers sauvages mélangeaient leurs floraisons à la verdure rajeunie, à l'automne, toute la côte demeurait empourprée jusqu'à la chute des feuilles, en une seule nuit quant venait la Toussaint.
Claude en rêvait interminablement.
Le 28 mai 1675, il vendit, au nom de sa femme et en son nom à Monseigneur de Laval, la terre qu'il lui restait au Cap tourmente, sur laquelle il y a avait "maison logeable, grange, estable, terres labourables et prés et bois"... Ils se réserva la récolte de ce qu'il achevait d'ensemencé avec "le droit d'y loger et engranger les grains qu'il recueillerait cette présente saison sur cette terre".
Une fois de plus le vin était tiré, il ne restait plus qu'à le boire.
Louise sa femme, aidée de ses filles, viderait les paillasses et ferait des paquets de leur modeste avoir sans se permettre une parole ni un soupir.
Septième article parut le 19 avril 1951
Paiement de dettes.
Claude Bouchard avait des dettes ; en vendant sa dernière terre du Cap Tourmente à Monseigneur de Laval, le contrat stipulait que l'acheteur s'engageait à payer au nom des vendeurs, Claude Bouchard et sa femme, " deux cents livres au Sieur Jean Picard, au Sieurs Jean Grignon, marchand, cent trente cinq livres, au Sieur Dumesnil cinquante livres, au Sieur Bellevance soixante quatre livres et à l'Hôtel Dieu de cette ville (Québec) treize livres".
Ses dettes payées, il restait à Claude Bouchard un peu d'argent a retiré de la vente de sa terre ; il lui restait encore ses bestiaux, ses instruments de travail, son fusil, des ustensiles de cuisine, de la toile et de l'étoffe tissée par sa femme, le métier à tisser, les cardes et le rouet et la moisson de la prochaine saison.
Monseigneur de Laval, par Du Douyt, prêtre, lui concéda le même jour, soit le 28 mai 1675, une concession à Petite-Rivière-Saint-François. C'est là qu'il devait finir ses jours.
Les archives du séminaire de Québec ne porte par trace de colon ayant précédé Claude Bouchard dans cette paroisse : il y fut le pionnier avec pour voisin quelques tentes de sauvages dans la prairie saline, au bord du fleuve.
Cette concession de douze arpents de large sur une lieu et demi de profondeur devait être prise " au premier ruisseau qui est proche la Rivière du Sot du costé dudit Cap Tourmente ; les dits douze arpents de terre bornée du costé de ladite Rivière du Sot, des terres non concédées à trois arpents proche le dit ruisseau, et du costé du Cap Tourmente aussy des terres non concédées à neuf arpents près dudit Ruisseau ycelluy compris avec droit de pesche au devant et au dedans de la dite concession..."
Cette rivière du Sot ou du Saut s'est appelée ensuite Rivière Bouchard, Petite-Rivière et elle s'appelle maintenant : " ruisseau à Lionel", du nom du propriétaire de la terre sur laquelle elle coule. Dans trois autres siècles, il est probable qu'elle aura encore changé quelques fois de nom.
Huitième article parut le 20 avril 1951
Le tronc et les branches.
Claude Bouchard n'avait qu'un désir, grouper sa descendance.
S'y attachant sans relâche, il se fit octroyer, le 20 octobre 1676, un an et demi après son installation à Petite-Rivière-Saint-François, une deuxième concession de douze arpents de front, à prendre, disait le contrat, " dans la dite seigneurie de Beaupré, proche de celle où il est de présent demeurant ; bornées d'un côté le ruisseau nommé Ruisseau de la Nasse et d'autre costé, vers le Cap Tourmente, les terres non concédées".
Malheureusement, il ne parvint pas à rencontrer les redevances seigneuriales de ses deux terres et il remit, quelques années plus tard, une partie de la dernière à Monseigneur de Laval qui lui en acquitta les arrérages par un billet signé du 26 juillet 1694.
René de la Voye, celui qui épousa Marguerite, la fille aînée de Claude, était devenu concessionnaire à Petite-Rivière-Saint-François, dès le 28 octobre 1677 ; Claude cru donc ses rêves entièrement réalisés lorsque, le deux août 1694, en présence de " Vénérable Père en Dieu Messire François de Laval, Premier et ancien Évesque de Québec, Seigneur Usufruitier de Beaupré et autres lieux", le notaire Étienne Jacob dressa les actes et octroyant :
"A François Bouchard, une concession de dix arpents faisant partie des "douze arpens cy-devant conceddés au dit Claude Bouchard qui les aurait remis".
A Claude Bouchard, une concession de quatorze arpents et huit perches, joignant les terres de François Bouchard d'un côté et la Rivière du Saut de l'autre côté ; et enfin, à Louis et Antoine Bouchard, une concession de vingt trois arpents de terre, joignant d'un côté la Rivière du Saut et de l'autre côté Claude Bouchard leur père.
La famille Bouchard, père, fils et gendre, possédait alors, pour pousser ses racines et étendre ses branches, plus de soixante arpents de terre sur une profondeur de une lieu et demi, a Petite-Rivière-Saint-François, dans Charlevoix.
Neuvième article parut le 21 avril 1951
Dernières volontés.
Usé par le travail et les privations, l'ancêtre des Bouchard, à 72 ans, était déjà un impotent.
Un jour tirant un papier de la grande armoire, il dit à sa femme :
Il est temps que nous nous déchargions sur nos enfants et que nous leurs fassions le partage de nos biens. Va chez le notaire avec ce papier et fais le nécessaire.
L'écrit que le vieillard tenait en main était daté du 29 septembre 1698 et portait :
" Je, soubsigné, Claude Bouchard, ay donné et par le présent escrit donne pouvoir à Louise Gaigné ma femme de faire passer tous les actes qu'elle jugera à propos pour donner ou vendre tout le bien que nous pouvons procéder, soit en terres et biens immobiliers, à François, Louis et Antoine Bouchard nos enfants... Après que ma ditte femme aura pris l'avis de Monseigneur Lancien Évesque de Québec, Seigneur de Beaupré, en qui je me confie, pour bien faire dresser les dits actes, promettant le tout avoir pour agréable... Estant aprèsent dans l'impossible de la faire autrement que part le présent billet à cause de mes dittes infirmités. Fait à Saint-François-Xavier proche la Baye St-Paul ce 29ème septembre mille six cent nonante huict, présence de Me J. F. Buisson, prestre et de Jacques Fortin habitant de ce lieu qui ont signé avec moy pour seureté du présent escrit".
Louise se rendit aux désirs de son mari et le 19 octobre de la même année le notaire Chambalon, dressa l'acte de donation des deux époux, écrivait : " pour se procurer à elle et son mary les moyens de vivre plus commodément.... et éviter l'extraime nécessité.... Par le grand âge.... Par les infirmités corporelles dont il a plu à Dieu les affligés"...
" Pour connaître les bons services que François, Louis et Antoine Bouchard leur ont rendu... et particulièrement le dit François Bouchard, par une somme de 900 livres qu'il leur a prestée qu'il a gagné au service du Roy où il a travaillé pendant deux années à lamature qui a esté fabriquée à la Baye St-Paul.... Et encore pour les rendre égaux et leur faire pareille advantage qu'ils ont fait à Marguerite, Geneviève et Rosalie Bouchard leur filles.... En advencement douairie à leur succession en faveur des mariages qu'elles ont sollemnisé"...
"Elle a... fait donnation pure, simple et irrévocable entrevifs aux dits François, Louis et Anthoine Bouchard leurs enfants... C'est asçavoir tous et chacuns les biens, meubles et immeubles, bestiaux et autres effets"...
A la charge par les dits donataires de payer... Les cens et rentes.... et outre ce de nourrir, loger et entretenir tant saing que malades les dits donnateurs.... et après leur déceds... faire inhumer et prier Dieu pour le repos de leur âme."
Dixième article parut le 25 avril 1951
L'arbre coupé.
Claude Bouchard prouvait maintenant jeter le manche après la congnée, ses fils étaient là, prenant la relève, et ses petits-fils poussaient drus comme les blés en terres nouvelles.
Rosaly, la dernière fille, celle qui était née à l'époque où la famille avait émigrée a Petite-Rivière-Saint-François, était mariée à Étienne Simard depuis le 22 novembre 1695, François venait d'épouser Madeleine Simard, le 15 juin 1699, Antoine et Louis restaient à marier.
Marguerite, la femme de René de la Voye, celle qui la première l'avait fait grand-père, avait déjà un fils, François Xavier, baptiser à la Baie-St-Paul, le 5 octobre 1684, et qui promettait d'être un solide défricheur ; pendant que Claude, plus délicat de santé, mais grand d'idée, étudiait pour se faire missionnaires.
Un jour de réunion familiale, Claude Bouchard dit à ses enfants :
-Je n'assisterai pas de la terre à la messe de mon petit-fils ; je sens que Dieu me rappellera bientôt. Si vous voulez connaître le bonheur en ce monde, gardez toujours entre vous l'amitié et la concorde, et ayez fois en Dieu et soyez soumis à sa sainte volonté.
Il s'atteignit, après quelques soubresauts de résistance de tous ses muscles, semblables à l'arbre qui s'incline lentement, sous la hache du bûcheron, avant de se coucher sur le sol.
Le premier registre de la Baie-St-Paul porte dans ses pages jaunies :
"le 25ème jour de novembre de l'année mil six cent quatre-vingt-dix neuf est décédé Claude Bouchard dans la communion de nostre Mère la Ste-Eglise après avoir reçu les saints sacrements de pénitence et d'extrême onction et le jour suivant fut inhumé dans l'église de St-François-Xavier.
Ons assisté à son inhumation René de Lavoye et Jacques Fortin qui ont signé. Jacques Fortin - René de la Voye, P. Gagnon, ptre.
Onzième et dernière article parut le 26 avril 1951.
Trois cents ans plus tard.
Louise Gasnier, l'épouse de Claude Bouchard, mourut le 27 avril 1721. François et Antoine, leurs fils, demeurèrent à Petite-Rivière-Saint-François pendant que Louis allait se fixer à la Prairie.
Parmi les fils de François et Antoine, les un ne quittèrent par le village natal ; ils ont, comme leurs pères, épouser leurs voisines et, encore aujourd'hui, la population de cette paroisse y est toute apparentée.
Les noms Antoine, Marguerite, Louis, Joseph, François, Étienne, Jean, Noël, Félicité, tous des noms de fils ou petit-fils de Claude Bouchard, ils sont toujours a l'honneur et Félicité Bouchard de 1950 demeure sur la terre même où demeurait Féliciter Bouchard de 1750.
Les autres descendants de Claude Bouchard qui gagnèrent la Baie-St-paul, les Éboulements, l'Île-aux-Coudres le Saguenay, le lac-St-Jean, la province de Québec entière et les provinces voisines et, on peut l'affirmer sans se tromper, toute l'Amérique du nord.
Après neuf générations, les traces de Claude Bouchard et celles de ses fils sont relativement faciles à relever et a reconstitué. Petite-Rivière-Saint-François, la coquette et pimpante paroisse, profondément traditionaliste, dont ils ont été les fondateurs, conserve et perpétue, par sa jeunesse d'un autre âge, la mémoire de ses lointains ancêtres.